Ayant échoué à secourir le Sénateur de Taris, Areli Cal-Seyin et Kane Darwill, un groupe de réfugiés et quelques soldats qui peinent à s'organiser face à l'armée mandalorienne, ont battu en retraite dans la Ville Basse. La planète est assiégée, les communications locales brouillées, tout contact interplanétaires impossible, et les quelques poches de résistance sont isolées les unes des autres.
Avant qu'il ne soit trop tard, nos héros espèrent reprendre le contrôle de l'antenne la plus proche, rétablir les communications, et peut-être enfin permettre à la défense tarisienne de s'organiser. L'espoir serait alors d'identifier le successeur du Sénateur et l'exfiltrer afin de plaider la cause de Taris auprès du Sénat de la République.
Malheureusement, la mission est d'autant plus périlleuse car les membres du groupe ne se font pas confiance et doivent accepter de collaborer alors que chaque minute qui passe, l'avenir de Taris est de plus en plus incertain...
Areli Cal-Seyin L'objectif était clair : traverser la Ville Basse sur 28 kilomètres afin d'émerger juste sous l'Antenne Aurek-B21, et en reprendre le contrôle. L'équipe était composée de quatorze soldats trop légèrement équipés, d'un garde du corps à peine mieux armé, d'une Jedi qui se sentait bien seule, et d'un assassin qui n'aurait pas dû être là. Ces deux-là étaient à l'écart des soldats, occupés à préparer leurs affaires avant le départ.
“Écoutez, Kane Darwill.” Si c'était bien son vrai nom, songea Areli. “Rien ne garantit que cette mission sera un succès. Et même si c'est le cas, il y aura des pertes. Vous n'avez fait aucun serment. Rien ne vous oblige à venir.”
Elle tendit la main vers les civils parqués entre les speeders, protégés par les deux soldats qui avaient été désignés pour les défendre. “Vous pouvez rester avec eux si vous préférez.”
Mais j'aurais plus confiance dans nos chances de succès s'il restait, pensait-elle vraiment.
“Vous êtes natif de Taris ?”
Kane Darwill Kane y réfléchit, se demandant s'il était judicieux de risquer autant sa peau... En l’occurrence il allait lui falloir un café plus noir que ça ou un fix d'épice s'il voulait éviter de finir dans un état lamentable à cause du sevrage, et il risquait de trouver ça en suivant le peloton de tête, pas en restant caché au même endroit. Et puis il ne fallait pas beaucoup de temps avant que sa gâchette ne le démange, il s’ennuierait moins en suivant le groupe, d'autant que plus il prouvait à la Jedi qu'il était utile, mieux il s'en tirerait plus tard.
“Votre sollicitude me touche mais si je vous fais confiance à vous c'est pas le cas des majorettes qui vous accompagnent, et à vous seule vous ne tiendrez pas des escadrons de Mando... Et si vous ne réussissez pas à trouver l'antenne on va crever de faim.” termina-t-il avant de terminer de nettoyer son arme.
Il se leva et s'étira avant de repartir... Sa cravate était pleine de sang après avoir servie de garot, ses vêtements couverts de poussière et de brulures et il avait de la suie impossible à enlever sur certaines zones de son visage... Glorieux.
“De la Ville Haute, la Ville Basse je connais relativement mais c'était l'autre couard qui connaissait tous les passages secrets...”
Areli Cal-Seyin Kane était pragmatique, un trait de caractère qu'il manquait parfois à Areli. Le voyant ainsi résolu, elle ne pouvait pas s'opposer à ce qu'il les accompagne. Satisfaite d'avoir eu cette discussion, elle se détendit un peu.
“Quelque chose me dit qu'il va mieux s'en tirer que nous”, plaisanta-t-elle.
Il avait l'avantage d'être habitué à traîner dans la poussière et les déchets. Pour un paquet de gens sur Taris, et elle s'incluait dedans, ça allait être une toute nouvelle expérience. D'ici peu, les mandaloriens allaient probablement couper l'électricité aux zones qu'ils ne contrôlaient pas, et après ça ce serait l'eau qui allait suivre. Il ne faudrait pas attendre bien longtemps pour que les survivants s'entretuent pour leurs ressources, ou finissent par se rendre.
“Vous venez ou on vous abandonne ?”, lança Dancer un peu plus loin.
Areli fit une moue agacée et leva les yeux au ciel de manière exagérée.
“Gardez un œil sur lui”, murmura-t-elle à Kane.
Peu après, la troupe était sur le départ.
Kane Darwill “Évitez de partir sans nous, le moindre rat vous ferait la peau sans notre aide.” répondit-il avec une mine mauvaise.
Ainsi donc le duo se faisait relativement confiance et avait repris la route accompagné de soldats plus ou moins compétents et délétères. Si jamais Dancer finissait à l'agonie ou au bord d'un précipice il n'était pas dit que Kane allait l'aider, au contraire. De toute façon à part ralentir le groupe et poser problème il n'était pas exactement un élément indispensable pour cette odyssée.
Ils parcoururent donc la ville basse... Normalement les rakghoules restaient cantonnées aux zones de quarantaine établies par les gangs mais il n'était pas impossible d'en croiser et si tel était le cas il fallait s'en occuper le plus rapidement possible, on avait pas vraiment de quoi se procurer du vaccin. Il doutait que les mandos se risqueraient à parcourir la ville basse... Il n'y avait ni armes, ni ressources, ni personnes qui valaient la peine de s'y sacrifier.
Areli Cal-Seyin Le groupe marchait depuis près d'une heure déjà. Sur leur passage, ils ne trouvèrent que des rats qui se faufilaient dans les déchets. Les vitrines des boutiques étaient brisées, et les étaux renversés et vidés. Plusieurs badauds les regardait passer derrière leurs fenêtres, et les quelques habitants assez braves pour s'aventurer dans la rue se cachèrent ou rebroussèrent chemin en les voyant.
“La population du coin ne nous accueille pas à bras ouverts...”
“En temps normal, ils ne voient des gens de la Ville Haute que lors des descentes de police”, expliqua Karn. “Et là, ils doivent se dire qu'on est venus réquisitionner le peu qu'il leur reste. Les mandaloriens sont le cadet de leurs soucis.”
C'était malheureux, mais Areli préférait encore ça que retomber sur le gang qu'ils avaient affronté la veille.
Au détour d'une ruelle, ils eurent la mauvaise surprise de rencontrer des débris qui bloquaient complétement leur chemin. Un immeuble entier s'était écroulé sous les bombes de la Ville Haute.
“On retourne en arrière ?”, demanda Chip.
“Le seul détour possible va nous faire perdre deux heures”, s'énerva Dancer.
Areli s'approcha du permabéton qui les bloquait. Elle posa les mains sur les décombres et ferma les yeux. Si elle voyait un accès facile à dégager, elle pourrait leur ouvrir un passage à l'aide de la Force. Sinon, mieux valait que quelqu'un ait une autre idée.
Areli tente une Action Libre !
Areli réussit parfaitement !
Kane Darwill Le permabéton fut dégagée avec douceur et élégance de chaque côté de la route sans provoquer d'éboulements ou de dangers supplémentaires, c'était aussi incroyable que terrifiant. Kane connaissait la réputation des Jedi de loin, il savait qu'ils pouvaient prédire la trajectoire des tirs, deviner les intentions d'autrui, mais il avait toujours exprimé des doutes sur les capacités plus ''spectaculaires'' comme déplacer des objets par la pensée ou hypnotiser des gens.
“Purée de sa mère la-” marmonna-t-il en observant ça.
Pas de doute, il devait en faire une alliée, il n'avait pas envie de se retrouver broyé sous les rochers.
“On a gagné deux heures semble-t-il !” dit il d'un ton aussi jovial que peu rassuré.
Il garda l’œil et l'oreille acérés, ça avait fait du bruit, si des gens ou des êtes mal intentionnés étaient dans le coin ils avaient certainement entendu.
Areli Cal-Seyin Kane n'était pas le seul à être impressionné par la performance d'Areli. Chip souffla son admiration tandis que Dancer était immobile, une goutte de sueur au front, le poing serré et tremblant. La Jedi jeta le dernier morceau de béton hors du passage puis se tapota les mains avec satisfaction, avant de se rappeler douloureusement de sa blessure au bras droit.
“C'était... Incroyable, hoss”, s'extasia Chip en lui tapant un peu trop amicalement l'épaule.
Ils passèrent un par un par le chemin qu'elle leur avait dégagé, se baissant légèrement pour ne pas se cogner la tête, Areli fermant la marche. Elle allait passer à son tour lorsqu'une voix familière l'interpella.
“Mince, mais c'est madame robe de chambre !”
La Jedi se retourna pour tomber nez à nez avec Hayden, le mendiant qui les avait guidés précédemment. Il était en grande forme, et il avait même meilleure mine que la dernière fois qu'elle l'avait vu, peu avant qu'il ne les abandonne en plein feu ennemi.
“Depuis quand vous nous suivez ?”
Il regarda brièvement son poignet avant de répondre.
“Depuis quelques heures... Quelques jours, peut-être. Si ça ne vous fait rien, j'aimerais rester encore un peu.”
Areli plissa les yeux, déjà fatiguée à l'idée de l'embarquer avec eux. Elle haussa les épaules et l'invita à les suivre. Lorsqu'il passa devant elle, il s'inclina avec un sourire radieux. Le filou n'avait pas de montre au poignet...
Kane Darwill “Purée vous devez vous foutre de ma-” marmonna-t-il à nouveau.
Dancer était déjà pas commode à tenir mais alors lui ça n'allait pas être une partie de plaisir, à tous les coups il allait accroitre les tensions entre les gardes qui allaient se prendre le chou pour savoir quoi faire de cet élément perturbateur.
“Bon... Au moins rend toi utile et passe devant pour nous trouver des raccourcis, on doit se rendre là, à deux cent mètres, tu peux guider ?”
“Comme si c'était fait !”
“Génial...”
Et voilà que la joyeuse vadrouille repartait avec son chiffre d'origine...
“Dis donc, tu t'es pas excusé pour nous avoir faussé compagnie l'autre fois.”
“L'aut' fois ?”
“Quand on était en pleine zone de guerre.”
“Aaaaaah, cette autre fois ! Eh bah heu... J'ai trébuché dans une crevasse, 'pis j'avais pas d'arme, autant me planquer pour éviter que vous ayez à sauver mes fesses !”
Kane était agacé, agacé qu'il ait en partie raison, encore à l'heure actuelle le gonze avait toujours pas d'arme, une vraie folie quand on savait ce dont étaient capables les déséquilibrés des bas fonds.
Areli Cal-Seyin “Qui est cet... individu ?”, demanda le caporal en voyant Hayden surgir de derrière Kane et Areli. Cette dernière se frotta le front, sentant venir la migraine.
“Un local. Il nous a déjà aidé précédemment. Il va se tenir à carreaux et nous guider. N'est-ce pas ?”
“Ah ?” Le roi des mendiants regarda tour à tour le soldat et la Jedi. Avec un large sourire auquel il manquait quelques dents, il dit :
“Oui, tout à fait !”
Les autres soldats le regardèrent avec indifférence ou mépris, mais lorsque Karn donna sa permission, personne ne dit rien. Hayden se montra rapidement utile en dénichant un couloir de maintenance qui menait directement où Kane avait pointé. Personne à part lui ne réalisait à quel point la Ville Basse regorgeait de passages alternatifs et de trous de souris, pour qui savait ce qui se trouvait derrière chaque porte.
“Et maintenant, les chefs ?”, demanda Hayden à la cantonade.
En voyant Hayden et Kane côte à côte, Areli réalisa que le clochard était plus... propre sur lui. Il savait se déplacer dans des espaces confinés sans se salir ou s'abîmer les vêtements de manière trop évidente. Et il portait avec fierté sa tenue de bric et de broc, ses trous réparés avec du scotch, son haut et son bas sans harmonie, et son long manteau étonnamment élégant. En comparaison, elle et les autres avaient les vêtements sales, déchirés, ou brûlés. Ce n'était pas gênant sur la simple bure d'Areli mais le costume de Kane avait subit des dégâts radicaux.
“Maintenant, on doit entrer dans le secteur 746.”
“'savez, madame, ça irait plus vite si vous me disiez quelle est votre destination.”
“Pour que tu déguerpisses et prévienne tous les gangsters du coin ? Laisse-moi rire !”, s'énerva Dancer.
Le caporal lui posa une main ferme sur l'épaule et lui jeta un regard noir. Avant que la situation ne s'envenime, Areli avoua leur objectif.
“Nous nous rendons à l'antenne Aurek-B21.”
“Ah ! Très touristique en cette période de l'année. Vous devriez passer par la surface.”
“Impossible, on esquivera pas les patrouilles mandaloriennes”, rappela Karn.
“Parce que vous pensez pouvoir esquiver les rakghoules ?”
Le froid qu'il jeta sur l'escouade était palpable. Quelques soldats échangèrent des regards ou des murmures inquiets, tandis que Karn regardait ses chaussures.
“Quelqu'un va m'expliquer de quoi il parle ? Ce n'est pas la première fois que j'entends ce terme. De quoi s'agit-il, au juste ?”
“D'une légende urbaine...”
“Non, un camarade de la 102e en a vu une une fois.”
“Si elles existent vraiment, elles sont dans les basfonds des basfonds, pas dans les rues habitées de la Ville Basse.”
“Elles n'existent pas !”
“Bien sûr que si. Et le petit soldat ronchon a raison, elles vivent dans les basfonds, encore plus loin en bas. Mais les bombardements de vos amis ont ouvert un passage”, affirma Hayden, avant de siffloter tranquillement.
Cette fois, ce n'était plus de l’inquiétude mais de la terreur qui animait les soldats.
“Tout cela ne me dit pas ce qu'est une rakghoule”, soupira Areli.
Kane Darwill Oh wow. Le Ministère de la Vérité de Taris faisait excessivement bien son travail pour que même une Jedi n'ait jamais entendu parler de ça. Kane chercha comment aborder la question sans provoquer de panique, mais n'étant pas excessivement doué pour ces choses là il essaya d'imiter ce que faisaient les gens d'habitude, mettre une main sur l'épaule et le dire à voix plus basse.
“Eh baaaaaaaah... Ce sont des loustics qui ont choppé une vilaine maladie qui les change en bestiole grisâtres. Une fois la bestiole transformée elle va chercher à bouffer et généralement si elle vous tue pas elle va vous griffer ou vous mordre, et si c'est le cas bah c'est à votre tour d'aller chercher à manger.”
C'était... Pour le moins direct, mais il n'allait pas non plus perdre trop de temps à expliquer ça alors qu'ils étaient pressés, le message était passé, ou du moins presque.
“Les griffures ou les morsures c'est assez évident que vous devez l'empêcher à tout prix, mais de façon générale le sang de la bestiole doit rester loin du votre et du reste de vos orifices.”
Areli Cal-Seyin Hayden hocha la tête durant les explications de Kane, comme s'il était expert en la matière et approuvait sa description.
“Et bien... Formidable, formidable”, le remercia Areli. “Et donc il y a de ces bestioles entre nous et l'antenne, c'est cela ? Bien, très bien.”
“Si on passe par la surface et qu'on se fait repérer, ils risquent de deviner notre destination et renforcer leurs défenses...”, songea Karn.
“On a pas vraiment le choix”, soupira Dancer, qui s'était pris les mains derrière la tête.
Areli acquiesça en silence devant le reste des soldats consternés. L'un d'entre eux déglutit bruyamment. Hayden se glissa dans son dos pour lui donner une bonne tape amicale avant de s'exclamer :
“C'est pas si terrible, mon vieux ! J'ai de très bons amis qui ont été infectés, ils s'en sont très bien sortis.”
“Vr—Vraiment ?”
“Non.”
“Mettons-nous en route. Si on rencontre une de ces créatures, restez bien à distance. Surveillez les portes et les angles, ne vous faites pas surprendre.”
Le groupe reprit son chemin...